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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 01:26

Comment pouvoir procéder à l’évaluation topographique et cadastrale de la liberté, notamment de celle d’opiner et de juger, quand on sait qu’elle se définit essentiellement par la spontanéité et se caractérise par l’aspiration à réaliser, par-delà les obstacles naturels et conjoncturels, le non-encore-là, cette belle utopie par laquelle on se laisse habituellement séduire, même lorsqu’elle n’est pas pourvue de garantie de schématisation historique ? Autrement dit, de quelle pertinence peut être la volonté exprimée par tous ceux qui tiennent, en référence à la Critique kantienne, à déterminer l’étendue et le pouvoir d’opiner et de juger librement ?

Le droit d’opiner et de juger est, par exemple pour Spinoza, le fondement de la démocratie. Pour cette raison, il doit être consacré par le droit civil pour n’avoir plus à être négativement déterminé par un droit divin dont les théocraties sont historiquement les modes d’expression politique.

Mais si le droit d’opiner et de juger librement est répertorié parmi les droits humains, doit-il être un prétexte à la calomnie (diabolè), à la délation et à la diffamation ?

Ceux qui ont l’appétit du scandale au moyen du mensonge, de la délation et de la diffamation et qui exploitent astucieusement, en démocratie, le principe de libéralisation d’un logos jadis fortement encadré par les normes disciplinaires des pouvoirs autoritaires ne peuvent pas répondre par l’affirmative à cette question pourtant pertinente. S’ils ne le peuvent pas, c’est parce qu’ils sont généralement victimes d’une confusion qui les rend suspects de pathologie mentale. C’est ainsi que perturbés par leur délire de persécution, ils se figurent que ceux qu’ils calomnient, vilipendent ou diffament dans les réseaux sociaux ou à travers les chaînes de télévision beaucoup plus soucieuses d’accroître leur audimat que de contribuer à la manifestation de la vérité, sont réellement coupables de ce dont ils les accusent.

Lorsque la liberté d’opiner et de juger vire à la calomnie, à la diffamation et à la délation, cela prouve que la Cité est désormais sous le règne des sujets de psychiatrie. Les dangers que ces derniers font courir à la Cité, en prenant le droit d’opiner et de juger librement pour celui de calomnier (diabaleïn) et de diffamer, permettent de comprendre pourquoi Platon, le prince des philosophes, avait une aversion insurmontable à l’égard de la démocratie.

 

Prof. Lucien AYISSI

Université de Yaoundé-Cameroun

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