Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 14:21

 

professeur-ayissi.jpgLe sede vacante n’aura donc pas duré longtemps. Heureux que, par ces temps d’ambitions politiques de plus en plus exacerbées par la passion du pouvoir et de l’avoir, les chrétiens catholiques n’aient pas eu l’expérience, au Vatican, d’un coup d’État ourdi par un Conseil Catholique de Transition (CCT) ou par des membres d’un obscur Vatican Libre, comme cela se vérifie dans ce qu’on appelle improprement le printemps arabe. Pas donc de printemps catholique. L’élection du pape François s’est bien déroulée, en dépit de sa non-catholicité due à la crise du suffrage universel. L’intérêt du mode de scrutin au terme duquel un pape est finalement élu à vie réside dans le fait qu’à travers lui le Vatican propose au monde entier un autre paradigme électoral : dans cette démocratie d’un genre singulier et qui brille par l’extrême opacité de ses modalités politiques, aucun chrétien catholique ne conteste la légitimité du pape élu au motif que ceux qui ont exclusivement collaboré à son élection n’étaient mandatés par personne. Si les cardinaux électeurs et  éligibles sont des occasions politiques à travers lesquelles l’Éternel exprime sa prédilection pour tel ou pour tel, on comprend pourquoi les fidèles ne remettent jamais l’issue de ce scrutin en cause, même lorsque celui qui a été élu pape n’a jamais évidemment battu campagne. Ici, point n’est donc besoin de financer des factions catholiques rebelles ni d’armer celles qui voudraient s’insurger contre le célibat des prélats, puisqu’il n’y en a vraiment pas. Qui oserait d’ailleurs se rebeller contre le choix qu’opère l’Éternel à travers le collège des cardinaux, en alléguant par exemple que le nouveau pape est un réactionnaire paradoxalement originaire d’une Amérique Latine politiquement à gauche ? Qui aurait la témérité de s’insurger contre l’ordre axiologique et éthique solidement établi par ceux qui, même sans mandat, parlent avec beaucoup d’assurance au nom de Dieu ? Inutile donc d’envisager cela dans un cadre où les desseins de Dieu sont si inscrutables qu’il ne vaut pas la peine de se torturer les méninges en cherchant à savoir pourquoi les mères de la Place de mai ne sont pas enthousiastes au sujet de l’élévation à la dignité pontificale du cardinal dont elles dénonçaient la complicité passive à l’égard des horreurs de la dictature argentine. L’argument de l’inscrutabilité du vouloir de Dieu frappe également de vanité toute recherche destinée à comprendre pourquoi l’Afrique noire n’a toujours pas son pape, ni si le prochain sera birman, russe, chinois, syrien, iranien, palestinien, polygame, pédophile ou gay.

 

Pr. Lucien AYISSI

Université de Yaoundé I (Cameroun)

Partager cet article
Repost0

commentaires