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31 octobre 2010 7 31 /10 /octobre /2010 15:20

 

 

professeur_ayissi.jpg« Sémitiser » tous les Beti, pour les stigmatiser, à travers

"la bande à Towa" (exclusivement composée de Pius Ondoua, Hubert Mono Ndjana, Rachel Bidja, Charles Mbele, Ndzomo Molé, Lucien Ayissi, Pierre-Paul Okah Atenga), telle est la nouvelle tâche que s'assigne un petit tribaliste du nom de Franklin Nyamsi (un vacataire qui s'autoproclame professeur). Il est donc fort à craindre qu’il organise bientôt les pogroms de ces Juifs camerounais qui sont, d’après lui, les piliers de la « biyacratie ». On a davantage peur en apprenant que ce monsieur, qui ne se donne pas la moindre peine de révoquer en doute les produits de son imagination mythogène et tératogène, enseigne à l'université qui aspire toujours à l’universalité. Comment pouvoir construire un Cameroun moderne avec de pareilles gens, c’est-à-dire ceux qui, comme ce petit tribaliste de Franklin Nyamsi, sont victimes de leur imagination malade et dont la phobie de l’altérité est telle qu’ils vous condamnent rapidement à mort pour la simple raison que vous êtes différents d’eux ? That is the question. Pourquoi est-il si haineux envers ceux dont il ne sait rien, puisqu’il ne daigne même pas lire leurs écrits ? Si être cultivé, c’est aussi se donner la peine de lire les autres, au lieu de les condamner sur la base des ses préférences idéologiques et de sa tendance pathologique à la diabolisation, nous attendons que M. Franklin Nyamsi complète son listing des méchants à abattre dans le cadre d’une opération génocidaire peut-être déjà programmée et assainisse non seulement son style fort disgracieux, mais aussi le fichier de ceux qu’il présente, sur la base d’une évaluation qui dénonce ses problèmes d'intelligence, comme de brillants esprits (Blaise-Pascal Touoyem, Senfo Tonkam) qui seraient étouffés par la « biyacratie ».

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 19:57

 

professeur_ayissi.jpg

 

Que restera-t-il de la Belgique lorsque les Flamands et les Wallons auront politiquement consommé leur divorce ? Que deviendra le roi des Belges quand son royaume aura tout à fait disparu de la carte du monde ? Ce sont là autant de questions qui se posent relativement à la crise politique belge.

Le désamour politique sur le mode duquel se rapportent aujourd’hui les Flamands et les Wallons n’est pas sans rappeler, dans l’histoire récente, un autre duo critique, celui des Hutu et des Tutsi. Comme par effet de contamination, la Belgique est à son tour affectée par le syndrome rwandais. À l’allure où vont les choses, il y a lieu de craindre que les Flamands et les Wallons finissent par en découdre dans un affrontement génocidaire aussi sanglant que celui du Rwanda, en vertu du principe selon lequel les mêmes causes produisent les mêmes effets.

L’ONU qui a déjà l’expérience de ce genre de tragédie a donc, cette fois, intérêt à bien s’organiser pour la prévenir ou l’empêcher, si elle ne tient plus à se rendre coupable d’indifférence, sinon de complicité passive, car cette fois, comme il s’agit d’un pays européen qui abrite, en plus, les institutions de l’Union Européenne, l’Organisation des Nations Unies pourrait être citée à comparaître à la barre du Tribunal Pénal International pour non-assistance aux victimes de crimes contre l’humanité.

Qui dit que ce qui arrive aujourd’hui aux Belges n’arrivera pas à tous les autres colonisateurs ? Cela doit beaucoup faire réfléchir ceux qui se vantent de coloniser les territoires palestiniens au mépris de la réprobation la communauté internationale. Comment la Belgique qui est aujourd’hui victime de ce qu’un ami appelle, fort à propos, « le tribalisme des Blancs », peut-elle oublier que sa colonisation est pour beaucoup dans la crise rwandaise ? Qu’elle soit aujourd’hui sous la menace des mêmes malheurs est certes regrettable ; mais que peut-on faire contre la justice immanente ?

 

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

 

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 19:53

 

Photo 4X4

 

« Comme la femme de César, la justice doit être au-dessus de tout soupçon »

 

La rectitude de la justice et l’intégrité de la femme de César ne doivent donner au soupçon de corruption ou de trahison ni la possibilité d’être envisagé, ni celle d’exister. C’est très important. Figurez-vous que l’agir de la femme de César donne au soupçon l’occasion d’exister et même de prospérer ! Imaginez qu’elle soit soupçonnée de vouloir trahir son auguste époux ou de rendre cocu l’empereur de Rome ! De telles représentations ne sont pas seulement inacceptables ; elles sont même condamnables. Plus précisément, la femme de César doit se garder de les rendre possibles par une intégrité à toute épreuve.

Pendant ce temps, César peut n’être pas au-dessus de tout soupçon, en vertu des privilèges que lui confèrent à la fois sa charge et les normes d’une société phallocratique. Dans ce cas, il ne sert donc à rien d’oser le soupçonner de corrompre la justice soit en l’instrumentalisant comme il lui plaît, soit en transgressant superbement ses normes. Un tel soupçon ne peut d’ailleurs avoir aucune pertinence si la justice qui a l’honneur d’être instrumentalisée par César et les normes que ce dernier se donne le droit de transgresser relèvent effectivement de son code personnel. S’il est juste que la femme de César soit au-dessus de tout soupçon, il n’est pas vraiment pertinent de soupçonner César d’instrumentaliser sa propre justice et de se rapporter à ses propres normes sur le mode de la transgressivité.

Ce qui est bon à retenir de tout ceci, c’est que selon que vous serez dans la condition de César ou dans celle de sa femme, on ne pourra vous soupçonner qu’en fonction de la nature des rapports que vous aurez avec la justice.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 19:48

 

 

 professeur_ayissi.jpg

Certes ! Ce postulat hypocrite, qui relève d’ailleurs de la morale du bourreau, est connu de la plupart des hommes. Il a sa place dans l’ensemble des dictons dont on a coutume de se servir soit pour réfuter facilement le point de vue d’autrui, soit pour défendre désespérément le sien contre la pugnacité logique des contradicteurs avisés. Ce célèbre dicton a aussi une fonction idéologique, celle d’occulter le fait que la loi n’existe pas souvent pour être connue, à cause du problème de la lisibilité des normes ou de leur buissonnement dans un jargon inaccessible au commun des mortels. Compte tenu de son caractère lapidaire, ce dicton ne nous dit pas non plus qu’on peut être tout à fait ignorant du sens de la loi, surtout quand la justice est d’une absurdité telle que, dans la jungle féroce des prétoires souvent peuplés de porteurs de toges sales, le droit cesse parfois d’être droit. Cela est fort remarquable dans des contextes politiques dominés par la prédation institutionnelle. Dans les gouvernances où César est le maître exclusif du logos et de l’ergon, cela est très évident. Dans ce dernier cas, il arrive que César qui est censé connaître la loi, s’arroge pourtant le droit de l’ignorer, en vertu du sentiment de majesté qui, croit-il, le place au-dessus des normes publiques devant régir l’action de ses sujets.

Mais de quelle exemplarité politique César peut-il encore être, s’il brille par l’ignorance de la loi dont il est censé être à la fois le garant et le gardien ?

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

 

 

 

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 05:11

 

professeur_ayissi.jpg

C’est ce qu’on entend de plus en plus dans certains carrefours de la ville de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Parmi ceux qui s’adressent ainsi à vous, au niveau des feux de la route, il y a des hommes et des femmes apparemment valides et mentalement sains. En prenant la formulation de leur épreuve au pied la lettre, on peut avoir l’impression qu’il s’agit d’une possession à la déclaration de laquelle ils procèdent sur la voie publique comme pour impliquer autrui, en tant que témoin, dans sa stabilisation. Avoir faim, tout comme avoir de l’argent, une automobile ou une résidence, passe alors pour la déclaration publique des biens, conformément à une disposition de notre Constitution.

Mais lorsqu’on s’entoure de la moindre prudence méthodologique pour  éviter d’être victime de la lettre ou de la grammaire, on s’aperçoit que le verbe avoir se dénonce ici comme un verbe considérablement équivoque, car au lieu de traduire une possession, il exprime plutôt un manque, mieux une crise dans un pays dont les marchés surabondent pourtant de denrées alimentaires. Le fait de comprendre que le verbe avoir peut aussi, comme le verbe être, traduire un état (de pauvreté ou de misère) ou une épreuve (la faim ou la soif) dont on ne peut malheureusement pas avoir la preuve, en se fondant simplement sur les apparences de ceux qui déclarent leur faim à autrui, ne résout pas totalement le problème de sens que pose la proposition : « J’ai faim ». Pourquoi est-ce surtout sur le terrain difficile de l’épreuve que le verbe censé exprimer la possession vient mettre un verbe d’état, notamment le verbe être, dans une situation de promiscuité à la fois grammaticale et logique ? Comment expliquer que des gens aient faim dans un pays qui regorge de tant de denrées alimentaires et où se rencontrent facilement des fonctionnaires milliardaires ? Où en est-on avec le programme de lutte contre la pauvreté et l’exclusion ?

En attendant que le bilan de ce programme soit fait, on est convaincu qu’un pays qui produit des indigents à la pelle creuse politiquement sa tombe avec la même pelle. En revenant sur la polysémie du verbe avoir, on peut enfin dire que le fait que des gens aient de plus en plus faim dans un pays naturellement aussi riche que le Cameroun, indique, à suffisance, que ce pays souffre d’une sévère crise de justice sociale.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé I (Cameroun)

 

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 10:18

 

Photo 4X4

C’est d’abord de la forme substantivée du verbe pouvoir qu’il s’agit. Ce verbe traduit la causalité d’un être, c’est-à-dire la possibilité qu’il a de traduire sa volonté en actes concrets, de manière à donner chair à ses désirs ou à ses rêves. Grâce à cette causalité, les contradictions qui s’observent habituellement entre la potentialité et la concrétude, l’utopie et la réalité peuvent se résoudre.

Le pouvoir renvoie aussi à la possibilité qu’a le politique soit de substituer à la psychologie canine des individus de la jungle pré-politique celle des citoyens devant collaborer à la construction et à la préservation de la paix civile à travers leur soumission absolue à l’autorité du Léviathan (Thomas Hobbes), soit d’assurer, dans le temps, la protection de la propriété du citoyen, c’est-à-dire sa vie, sa liberté et ses biens (John Locke). Dans tous les cas, la fin du pouvoir politique est de permettre aux individus devenus citoyens de rompre avec la condition grossière et misérable qui était la leur dans l’état de nature, afin qu’ils  jouissent paisiblement des bienfaits de la société et des avantages du gouvernement (David Hume).

Mais au terme des coups de théâtres politiques dont l’histoire a l’habitude, il arrive très souvent que la forme substantivée du verbe pouvoir se substantialise dans les représentations des politiques. Dans leur imaginaire, le pouvoir devient alors un être qui se subordonne à lui-même, au point de ne plus se destiner à la réalisation du bien-être et du bonheur des citoyens.

Par rapport à ce problème, des philosophes comme Spinoza, Locke et Hume ont, par exemple, proposé la solution du droit de résistance : il faut résister à tout pouvoir dont la contre-finalité politique est avérée. D’après eux, il n’est pas pertinent de faire preuve de loyalisme à un pouvoir qui s’exerce en rupture évidente de contrat ou de promesse devant lier réciproquement les gouvernants aux gouvernés.

Si l’intérêt de cette solution est de dissuader éventuellement les gouvernants de détourner le pouvoir de sa finalité politique, son problème est dû au fait que les philosophes qui nous la proposent ne nous en donnent pas le modus operandi. L’expérience montre qu’il n’est pas très efficace de résister au pouvoir qui ne peut paradoxalement pas relever les défis de la pauvreté, de l’insécurité ou du chômage à travers des grèves, des manifestations, des marches de protestation ou en se contentant de proférer des imprécations aux gouvernants dans les médias. Un pouvoir politiquement autistique est totalement sourd au boucan que des citoyens déçus organisent plus ou moins fougueusement dans les rues d’une « République » qu’ils prenaient naïvement pour une chose publique.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 10:05

Numériser0017

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Roms sont des voleurs

Les chefs d’États africains sont des dictateurs

Les Allemands sont des nazis

Les Italiens sont des mafiosi

Les Américains sont des bellicistes

Les musulmans sont des terroristes

Les Français ne sont pas des xénophiles

Les prêtres catholiques sont des pédophiles

Les Somaliens sont des forbans

Les Afghans sont des talibans

Les Camerounais sont des feymen

Il n’est pas prudent d’aller au Yémen

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 



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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 16:37

 

professeur_ayissi.jpgDe quoi est-ce que je me mêle ? Bien que je ne sois pas un Européen, je suis convaincu, jusqu’à ce qu’on me prouve le contraire, que ma nationalité globale me donne le droit d’opiner et de juger librement des affaires de notre « village planétaire ». C’est donc en tant que citoyen du monde que je crois pouvoir jouir librement du droit d’opiner sur le devenir d’une Europe dans laquelle sévit de plus en plus la crise de l’accueil et de la fraternité. La volonté affirmée par les Flamands et les Wallons de diviser la Belgique, le siège des institutions européennes, à partir des références bassement ethniques, celle exprimée par les Basques ou les Corses de sortir de l’indivision communautaire pour pouvoir affirmer la particularité de leur ethnicité tout comme le procès de « déromisation » de la France de Sarkozy, sont autant d’exemples qui problématisent l’universalisme que l’Europe a souvent promu, et sur lequel elle s’est toujours fondée pour moraliser le reste du monde. Sur quoi l’Europe va-t-elle désormais se fonder pour continuer à faire preuve d’arrogance jupitérienne à l’égard de tel ou tel pays du Sud ? À qui l’Europe va-t-elle encore pouvoir donner des leçons de tolérance de la différence et de respect des droits de l’homme si ses citoyens n’arrivent plus ni à se tolérer ni à se respecter ? Recommandation : cette Europe en perte de souffle éthique et politique pourrait bien se ressourcer auprès des pays qui, en dépit de la pauvreté qui les caractérise, ont encore le sens de l’accueil et de la fraternité.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 02:44

 

professeur_ayissi.jpg

 

Aujourd’hui, l’Autre, cet être étrange, parce que son être-au-monde apparaît comme tout à fait étranger ou différent au Même, est surtout représenté par la figure de celui qui fait peur ; celui dont la présence ou l’image est chargée d’une phobie qui motive le Même à le considérer comme l’être à éviter, à chasser du chez-lui et même à abattre, s’il le croit nécessaire, sans que cela lui pose des problèmes de conscience. L’Autre, c’est celui qui risque de corrompre, de polluer ou d’aliéner l’identité du Même soit du fait de son allochtonie ou de son credo, soit du fait de sa différence chromique, de sa façon de voir ou de faire.

Pendant que l’Europe s’émeut considérablement ces jours-ci qu’une Britannique ait pu faire preuve de cynisme en jetant un beau chat vivant dans une poubelle, on ne s’émeut pas beaucoup, dans la même Europe, de la déportation des Roms, de la marchandisation des corps et des personnes, de la domination et de l’exploitation des Nègres dans le temps et de la réduction des Palestiniens à la condition d’apatrides. Pourquoi Sarkozy veut-il priver les Roms qu’il déporte vers la Bulgarie et la Roumanie de la chance que l’histoire lui a gracieusement donnée de devenir, bien que d’origine hongroise et peut-être, qui sait, tsigane, le président, mieux le roi de France ? À qui sera le tour, lorsque la France de Sarkozy aura fini de protéger son identité contre le fléau rom ?

Dans un monde qui continue de les exclure, sans justification suffisante, de sa dynamique, les Roms, les Nègres et les Palestiniens doivent construire une chaîne de solidarité à la mesure de la pression exclusive dont ils sont constamment victimes dans l’histoire.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

 

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 20:41

 Photo 4X4

    En vertu de quelle loi, peut-on se demander, Dieu rappelle-t-il à Lui, suivant les circonstances de temps et de lieu qui lui conviennent, les personnes qui sont contraintes, par ce rappel divin fort intempestif, à voir leur carrière existentielle abrégée ? Comment peut-il rappeler à Lui, et sans états d’âme, les nouveau-nés à qui l’occasion n’a même pas été donnée d’entamer une telle carrière ? Dieu s’autosuffisant, on ne voit pas comment il pourrait compromettre son autonomie en subordonnant à une normativité étrangère à la sienne sa volonté de rappeler ses créatures à Lui. Tout en étant divine, une telle hétéronomie serait indigne de Lui et remettrait en cause sa perfection absolue. Mais cet euphémisme par lequel on désigne couramment, dans la population des croyants, le décès de quelqu’un pose de sérieux problèmes de propriété.

    En essayant d’« euphémiser » une réalité macabre, celle qu’on ne veut pas désigner par son propre nom, de peur de la convoquer symboliquement par le fait même, on recourt à une approche formulaire dont l’impropriété peut être établie : présenter Dieu comme celui qui se délecte à rappeler souvent à Lui – suivant des desseins dont il a exclusivement le sens – les bons plutôt que les méchants, les bien-portants plutôt que les malades, les jeunes plutôt que les vieillards, etc., n’est pas seulement impie ; cela consiste également à faire de Lui un monstrueux sadique qui se plaît à prouver, sans aucune nécessité, à ses créatures leur finitude ontologique à travers des rappels quotidiens qui n’ont rien de bienveillant, compte tenu du fait qu’ils n’ont pas pour fonction d’euthanasier des êtres pour qui la vie terrestre serait devenue un poids insupportable. Si on admet, par hypothèse, que cet euphémisme impropre peut quand même être pourvu de sens, qu’est-ce qui pourrait bien motiver Dieu à rappeler constamment à Lui ses créatures privilégiées ?

    En plus du fait d’avoir été anathémisé par son créateur pour avoir violé un tabou divin et, par conséquent, pour n’avoir pas eu l’occasion d’accéder à l’immortalité en consommant le fruit de l’arbre de la vie, l’homme semble avoir le don de récidiver dans l’impiété. Ne se satisfaisant plus du statut de procréateur, c’est-à-dire celui à qui Dieu a donné la procuration dans l’ordre de la création, il s’arroge aujourd’hui, grâce à des manipulations génétiques fort hardies, le droit de créer ou de recréer l’homme, à son image, comme pour compenser les multiples pertes humaines dues aux macabres rappels divins. Évidemment, cet abus de confiance et cette témérité ne peuvent que déplaire à Dieu.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

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