En se résolvant à sortir de l’indivision monarchique, afin qu’ils puissent exister sans devoir arborer les oripeaux spectaculaires mais encombrants du pouvoir royal, Meghan et Harry ont jeté un pavé dans la marre. Cette résolution qui s’apparente à un crime de lèse-Majesté, détonne surtout par son endogénéité : c’est dans l’antre même du pouvoir royal britannique qu’elle a été prise par deux personnes si jalouses de leur liberté qu’elles ont refusé d’assumer le destin qu’on leur avait tracé et qu’elles se représentaient comme un véritable fatum maléfique. La volonté exprimée par elles de sortir du nid doré d’une monarchie prestigieuse pour se frayer leur propre chemin dans ce monde en dérive est fort admirable. La décision qu’elles ont courageusement prise dénonce aussi la monarchie comme un régime si politiquement anachronique qu’elle doit, pour cette raison, suffisamment se justifier dans une Europe encore peuplée, au XXIe siècle, de beaucoup de têtes couronnées. Enfin, si ces deux personnes ont décliné le pouvoir politique qui leur était légitimement destiné, c’est que le pouvoir que certaines gens idolâtrent est plutôt quelque chose à éviter.
Prof. Lucien AYISSI
Université de Yaoundé 1 (Cameroun)
