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30 août 2021 1 30 /08 /août /2021 04:40

Percevoir le Cameroun, une communauté politique, à travers une lucarne domestique revient à insulter, par exemple, le génie d’Aristote, en prenant une communauté politique pour une communauté affective.

Si nous nous aventurons philosophiquement à revisiter, pour l’actualiser, la philosophie politique d’Aristote, c’est parce que cet éminent philosophe a lui-même pris le risque de penser le politique en référence au domestique, notamment lorsqu’il établit, dans La Politique, que l’architecture du politique est calquée sur le modèle de celle du domestique, le chef politique étant la forme spéculaire du chef de famille.

Mais si cela était toujours vraie, les problèmes de gouvernance ne se poseraient que dans le cas des chefs de famille injustes. Un chef de famille qui gouvernerait son domus suivant des prédilections de nature sectaire et clanique se rendrait, ipso facto, coupable d’injustice aux yeux des autres membres de sa famille.

En oubliant qu’il en est la tête (caput, capo, head, etc.), c’est-à-dire celui dont la fonction est d’orienter, mieux de donner le meilleur sens à suivre par le domus, le chef qui n’écoute que la voix particulière des membres de sa secte ou de son clan, se dénonce comme un chef injuste.

En collaborant à la reproduction dynastique des membres de sa secte ou de son clan d’appartenance, le chef du domus, dont l’injustice est de plus en plus dénoncée par les laissés-pour-compte de sa famille, inspire, pour cette raison, la colère des autres membres de la famille qui ont le sentiment de ne plus faire partie du même domus dont il est objectivement le vecteur directeur.

Si les Camerounais ont de plus en plus le sentiment que leur pays est le domus de certains et non de tous, c’est surtout pour les raisons sus-évoquées.  Comment repenser l’organisation de ce qui reste encore de notre domus, afin que tous les Camerounais aient désormais le sentiment de faire partie d’une même famille ? that is the question. À cette question légitime, on peut modestement proposer la réponse suivante : que le caput cesse de marquer sa prédilection politique pour ceux qui ont le privilège de jouir de ses préférences sympathiques de nature sectaire ou ethnique.

 

Prof. Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

 

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