Blog du Professeur Lucien Ayissi

Il faut par exemple :

-éviter de dire qu’il est absurde que le dieu d’Abraham lui ait promis la terre d’autrui ;

-se garder de dire que la Bible n’est pas un registre du cadastre.

-s’interdire d’affirmer qu’il est inhumain de condamner le peuple palestinien à l’apatridie et que Gaza est un camp de concentration ;

-éviter de dénoncer la politique génocidaire que l’État d’Israël pratique, pendant des décennies, mais dans le silence assourdissant de certains maîtres du monde.

C’est dans un monde prétendument ouvert qu’il faut paradoxalement fermer sa gueule, relativement à la colonisation de la Palestine et aux massacres du peuple palestinien, même quand tout cela est de nature à indigner l’humanité tout entière. Il faut surtout la boucler, de peur d’encourir le courroux de certains maîtres du monde qui oublient que le mythe du peuple élu, qui semble, aujourd’hui, prendre idéologiquement sa revanche sur le mythe de la supériorité et de la suprématie de la race aryenne à laquelle Hitler vouait un véritable culte, est le terreau fertile pour les politiques discriminatoires et génocidaires. Cautionner, comme le font certains maîtres du monde, ce genre de politique au moyen de la vieille rengaine selon laquelle « Israël a le droit de se défendre », relève d’une connivence politique qui n’a pas besoin d’être établie, tant son évidence crève les yeux.

         En pensant pouvoir résoudre, manu militari, le problème de cohabitation pacifique avec les Palestiniens, les Israéliens se trompent de stratégie : aucune puissance militaire ne peut venir à bout de la détermination d’un peuple qui tient à affirmer son identité et à exprimer son vouloir politique. L’histoire surabonde d’exemples qu’il serait fastidieux de produire ici. La récente incursion spectaculaire des éléments de la branche armée du Hamas en Israël montre bien que la force armée ne suffit pas à garantir la paix, et qu’une politique de colonisation ou d’occupation n’est pas seulement anachronique ; elle exacerbe aussi chez celui qui vit l’épreuve douloureuse de l’accaparement de ses terres par un plus puissant que lui, un sentiment de frustration et de révolte dont aucune armée ne peut efficacement étouffer l’expression dans le temps.

En réussissant toujours l’exploit d’échapper aux sanctions internationales dues à sa politique de l’horreur et de la terreur envers les Palestiniens, l’État d’Israël se dénonce comme un Rogue State (État voyou).

Lucien AYISSI

Philosophe