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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 20:31
RÉSUMÉ DE CORRUPTION ET PAUVRETÉ

Ouvrage publié le 12 novembre 2007 aux Editions L'Harmattan

ISBN 978-2-296-04388-6

Dans cet essai, notre dessein est de revisiter l’argument en justification de la corruption, auquel recourent habituellement les corrompus pour se donner bonne conscience.

Si la pauvreté matérielle impose sa nécessité délétère à la moralité des serviteurs de l’État, la corruption des riches – ceux qui peuvent apporter, à temps ou par anticipation, des réponses appropriées aux diverses sollicitations matérielles de leur existence – et la rectitude civique et morale des certains citoyens pauvres sont des faits polémiques qui permettent de révoquer en doute la relation de causalité nécessaire qu’on a coutume d’établir entre la pauvreté et la corruption.

Sans toutefois minimiser l’incidence de la pauvreté matérielle sur la moralité des citoyens, nous soutenons que la corruption a surtout pour terreau fertile la pauvreté morale, celle qui se définit par la cupidité et qui trouve suffisamment de nutriments dans des contextes socio-politiques où l’avoir et le pouvoir sont considérés comme les conditions de possibilité de l’être. En effet, dans les contextes dominés par le pragmatisme, l’économisme et l’éthique de l’ajustement, l’ontologie est fonction de l’accumulation. Dans l’éthique de l’ajustement, on assigne généralement à la corruption la fonction de corriger les déficits ontologiques des agents insuffisamment rétribués.

Après avoir établi que ce fonctionnalisme est surtout fondé sur des arguments spécieux, nous soutenons que c’est surtout la pauvreté morale, telle prospère dans la chrématistisation actuelle du monde, qui explique la corruption. L’éradication ou la réduction de celle-ci dépend certes de la lutte contre la pauvreté matérielle par l’allocation des salaires susceptibles de protéger la moralité des citoyens dans un environnement économique dont les contraintes ne leur donnent pas toujours la possibilité d’opposer une résistance efficace à la corruption. Mais, puisque la corruption a pour terreau fertile la pauvreté morale qui prédispose les citoyens soit à prendre le bien public pour le bien privé, soit à soumettre le service public au principe de vénalité, nous pensons que la correction de l’importante érosion éthique dont souffre de plus en plus la moralité des citoyens dans l’économisme dominant dépend de la promotion de l’éthique républicaine au moyen d’une pédagogie citoyenne. C’est celle-ci qui peut aider à la civilisation des préférences appétitives des individus de manière à bonifier la qualité de l’expression de leur humanité et de leur citoyenneté.

 

Pr AYISSI Lucien

Université de Yaoundé 1-Cameroun

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