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12 novembre 2006 7 12 /11 /novembre /2006 13:09


    Il se publie, depuis un certain temps, dans les journaux locaux, à des fins de dénonciation, une pratique pourtant jugée banale sous d'autres cieux. Ce qu'on peut constater, c'est les mis en cause n'assument pas ce qu'il est convenable d'appeler leur identité homosexuelle. Lorsqu'ils ne se cachent pas derrière un silence fort équivoque, ils se répandent parfois en dénégations ou se présentent comme les victimes d'une cabale organisée par leurs adversaires politiques, quand ils ne profèrent pas des menaces qui, jusqu'ici, se sont avérées platoniques. L'attitude des mis en cause et celle des sycophantes qui ont la hardiesse de les dénoncer, appellent à réfléchir. Si les premiers n'étaient pas convaincus du caractère déviant de cette forme de sexualité, en référence aux canons de la culture camerounaise, ils n'adopteraient pas l'attitude des victimes d'une cabale ou d'une diffamation. Les sycophantes qui ont la témérité de les dénoncer, feraient preuve de moins d'audace s'ils ne se fondaient pas sur une certaine légitimité. Avant d'évaluer les dénonciations des uns et des autres, il importe de procéder à une analyse froide des raisons de l'homosexualisation de notre pays. Comment comprendre, aujourd'hui, le développement de cette pratique qui, dans la tradition africaine, est si insolite qu'elle est généralement réputée pour sorcière? Qu'est-ce qui peut motiver des Camerounais à s'adonner à cette pratique sexuelle dans un bassin culturel dominé par l'hétérosexualité et dans un cadre démographique considérablement fourni en filles et en femmes aux beautés et aux talents sexuels fort variés? Evoluons-nous désormais vers de nouveaux modes de communication sexuelle ou assistons-nous à l'instauration des formes rituelles d'une "religion anale" dont l'objet de culte serait le rectum? Risquons-nous de voir, à l'avenir, notre jeune démocratie dériver dans une sorte d'"anusocratie" que pourraient politiquement instituer les membres influents de l'oligarchie d'homosexuels camerounais? Se poser toutes ces questions revient à s'interroger sur les enjeux d'une pratique dont l'importance, du moins dans les hautes sphères de l'Etat, est susceptible d'imposer sa nécessité sur la gouvernance de notre pays au point de compliquer la lecture et le traitement de la crise dans laquelle nous sommes empêtrés depuis environ une décennie. Pour une bonne analyse du phénomène de l'homosexualisation de la société camerounaise, nous examinerons les arguments auxquels on peut recourir pour justifier les pratiques homosexuelles dont il est de plus en plus question non seulement dans les hautes sphères de l'Etat camerounais et dans les milieux religieux, mais aussi dans les milieux éducatifs, sanitaires et judiciaires. Parmi ceux-ci, il y a l'argument du mimétisme, celui de la domination ou de la puissane, l'argument économique et l'argument psychologique.
1.L'argument du mimétisme
En vertu de cet argument, l'homosexualisation de la société camerounaise serait un effet de mode dû à la représentation de l'Occident par des Camerounais comme le repère orthonormé de l'éthique. C'est cette représentation suspecte d'occidentolâtrie qui expliquerait le fait que des Camerounais adoptent une forme de sexualité déjà légalisée dans certains pays occidentaux, comme pour donner la preuve qu'ils sont tout à fait en phase avec l'évolution du monde moderne. Mais, si c'est le cas, pourquoi les homosexuels camerounais ne s'organisent-ils pas, à travers des gay pride, à sortir eux aussi du placard, comme ce fut le cas en Europe avec le fameux Coming-out à la suite de la révolution sexuelle des années 70? Pourquoi continuent-ils de mener une existence sexuelle clandestine, notamment dans l'ombre des hétérosexuels, s'ils étaient convaincus de la légitimité et de la pertinence de leur sexualité ou s'ils étaient en droit de défendre valablement et publiquement leur différence? Ces interrogations sont des modes d'un doute qui traduit que l'argument du mimétisme ne suffit pas à expliquer l'homosexualisation de notre société, puisque, pour singer les Occidentaux en toute autre chose, les Camerounais n'ont pas coutume de se cacher.
2.L'argument de la domination ou de la puissance
L'homosexualité s'inscrirait dans la logique de la domination des consciences. A travers des rapports homosexuels, il s'établirait une relation de domination entre le partenaire actif et celui qui est sexuellement passif, avec la possibilité de nouer une relation analogue à celle qui existait chez les Grecs de l'Antiquité, entre l'éraste et l'éromène. Le partenaire actif pourrait ainsi s'assurer la soumission totale de celui qui est passif. L'offre de garantie de la soumission lui vaudrait des gratifications sociales ou politiques. Le partenaire dominant, a-t-on la naïveté de croire, pourrait transfuser magiquement au dominé une partie de son pouvoir ou de son savoir. Mais, de quelle efficacité peut bien être un savoir et un pouvoir qu'on prétend acquérir magiquement par voie anale, donc en marge de l'effort classique, mais seulement au prix de quelques mutilations des muscles sphinctériens et d'une irréversible incontinence fécale? Comme on peut le constater, l'obscurantisme assure la prospérité de l'homosexualisation de la société camerounaise. C'est pourquoi ce phénomène se nourrit beaucoup de préventions superstitieuses dont la conséquence est le déclassement irrationnel de la tête, la partie logique de l'organisme de l'homme, par la partie postérieure ou concupiscibler de son corps. Il est tout à fait illusoire et même très naïf de croire que le Cameroun peut réussir à relever les défis de l'histoire autrement que par l'effort au travail  et la bonne qualité de la réflexion des Camerounais sur le sens politique et économique à donner à leur pays.
3.L'argument économique
L'homosexualité serait, dans l'économie du sexe, plus rentable que l'hétérosexualité habituelle. Son cours élevé dans le marché du sexe s'expliquerait par la rareté de ses offres, même si l'inflation remarquable de cette pratique dans notre contexte socio-politique doit nécessairement aboutri, à terme, à la chute de ses cours, suivant la loi implacable de l'offre et de la demande. En affectant un intérêt politique ou économique à une partie du corps à laquelle la nature n'a initialement assigné qu'une fonction très médiocre, ceux qui vendent leur zone anale dans les comptoirs marchands de l'économie du sexe, espèrent pouvoir corriger le déficit de dignité qui caractérise leur personne dans un contexte où l'humanité de l'être est fonction de son avoir ou de sa fonction administrative ou politique. Le caractère lucratif de cette activité sexuelle a fait apparaître au Cameroun une nouvelle forme de feymania qu'on pourrait appeler la feymania rectale ou anale. Mais, de quelle dignité peut-on finalement se targuer après cette auto-instrumentalisation qui relève effectivement de ce qu'Emmanuel Kant appelle le "suicide partiel"?
4.L'argument psychologique
L'homosexualisation des hautes sphères de l'Etat camerounais s'expliquerait aussi par la tendance à la jouissance du pouvoir. Las d'une hétérosexualité qui ne serait plus plus suffisamment chargée de promesse de plaisirs, certains de ceux qui tirent un profit égoiste du système, rechercheraient dans les pratiques homosexuelles une sexualité psychologiquement plus riche en plaisirs. Comme pour rompre avec la monotonoie de leur existence bourgeoise, ces mégalomanes rechercheraient dans la zone érogène anale des plaisirs d'exception. En érigeant une zon d'évacuation des déchets d'un organisme en lieu de genèse des plaisirs d'exception, ou, plus précisément, en pensant pouvoir trouver dans la boue, et au mépris des problèmes d'hygiène, des plaisirs sexuels insolites, ces mégalomanes reconfigurent la sexualité sur la base de la psychologie porcine. Grand est alors le risque de les voir contribuer également à la libéralisation des moeurs et à l'anarchie des valeurs. Ainsi, s'il leur arrivait de devoir prouver qu'ils sont d'autant plus puissants qu'ils peuvent transgresser cyniquement et impunément l'interdit ou le défendu en recherchant des plaisirs d'exception soit dans la pratique de l'inceste et de la zoophilie, soit dans la libation du sang humain, la clopophagie et le cannibalisme, ils ne s'encombreaient pas de scrupules.
Il ressort de ces interrogations que l'analyse du phénomène de l'homosexualisation de la société camerounaise est encore problématique. C'est pour cela qu'il est sujet à plusieurs interprétations possibles. Une interprétation politique de la fougue des sycophantes de la cité pourrait faire croire qu'à travers leur dénonciation, c'est l'abomination et la condamnation du régime en place qu'ils visent parce qu'il n'entretiendrait plus suffisamment la fierté d'être camerounais et l'espoir de vivre dignement.
Quelle que soit l'interprétation qui vaille, l'incidence des pratiques homosexuelles sur notre gouvernance est grave de conséquences. La société dans laquelle le mérite est requalifié sur la base des prestations homosexuelles est prédisposée à subir la crise de la performativité. Là où la géographie sémantique est reconfigurée par de nouvelles expressions telles que "les bilingues", "la promotion à la vaseline", etc., il se pose des problèmes de communication assortis de risques de babélisme. Comment éviter, dans ce cas, le risque de fragmentation sociale s'il se crée au Cameroun des sociétés partielles définies par des modes de comportement qui remettent en cause le consensus formellement encore en vigueur?
Le phénomène de l'homosexualisation de la société camerounaise est-il symptomatique des difficultés socio-politiques qui caractérisent généralement les sociétés aussi en crise que celles de Sodome et Gomorrhe? Est-ce la marque du tournant décisif de notre pays dans son arrimage à la mondialisation? Quel sera, dans ce cas, le destin des ménages et des familles dans cette homosexualisation préoccupante de notre société? Enfin, la dénonciation, par certains journaux, des homosexuels camerounais, participe-t-elle d'un combat des Diadoques anticipé qui s'organiserait déjà au grand mépris du fait qu'Alexandre est encore en vie? Que peut bien signifier l'attitude olympienne d'Alexandre par rapport à la feymania homosexuelle dont sa gouvenance est de plus en plus suspecte et à la corruption de la moralité qui sévit dans la population de ses collaborateurs?
Nous espérons que la suite des événements permettra de faire une meilleure lecture du phénomène de l'homosexualisation de notre société.

Pr Lucien AYISSI
Université de Yaoundé 1 (Cameroun)
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