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15 juin 2007 5 15 /06 /juin /2007 09:59

CONFÉRENCE DE LA 3ème SEMAINE DE LA FALSH

(14 juin 2007 à l’Amphi 700 à 16 heures)

THÈME GÉNÉRAL : ÉTHIQUE UNIVERSITAIRE : NORMES ET RÉALITÉ
L’éthique universitaire entre la question de finalité et les problèmes  d’opérationnalité
Texte publié dans le journal Repères le 16 août 2007

Résumé :

Mots-clés : éthique, morale, ethos, valeur, normes, principes, axiologie, téléologie, université.

Biographie et champ de recherche :

et surtout du Code d’éthique et de déontologie de la profession de l’enseignant du supérieur de 2002 est, conformément à l’Article 5 de ce Code, descriptive des devoirs à remplir, des règles à respecter non seulement par tous les enseignants permanents et vacataires des universités publiques, mais aussi par les doctorants et les moniteurs chargés des TD ou des TP au sein des institutions universitaires d’État. Elle est prescriptive des manières d’être et d’agir, des modes de gestion et de distribution du savoir dans les campus universitaires. C’est pour cela que si cette éthique définit, en termes d’impératifs, les missions générales qui sont assignées à l’enseignant du supérieur dans les alinéas 2, 3, 4 et 5 de l’Article 5 du Code de d’éthique et de déontologie, les Articles 18, 19, 20, 21, 31, 32, 33, 34, 35, 37, 38, 39, 40, 41 vont jusqu’à lui prescrire une tenue vestimentaire, pédagogique et morale. La tonalité répressive de cette éthique, telle qu’elle consiste en diverses sanctions disciplinaires stipulées par les Articles 50, 51 et 52 du Code déjà cité, vise à forger chez les universitaires un ethos, c’est-à-dire des habitudes, des mœurs appropriées à la réalisation des missions assignées aux universitaires. Il ne s’agit donc pas d’une éthique procédurale parce qu’elle ne s’intéresse pas à la pertinence de la méthode ou de la procédure qui a présidé à l’élaboration des normes qui la régissent. Elle n’est pas non plus une éthique déontique ou déontologique parce qu’elle instrumentalise seulement les normes qui la constituent pour doter l’être et l’agir des universitaires d’une rectitude académique certaine. Il s’agit plutôt d’une éthique téléologique parce qu’elle met l’accent, à travers l’abus du prescriptif et le recours au répressif sur les finalités académiques et scientifiques de l’agir des universitaires. Cette éthique téléologique se double également d’une éthique conséquentialiste en ce sens que ses normes visent la constitution et la promotion d’un ethos universitaire dont les conséquences doivent être bénéfiques à l’université, au progrès de la connaissance et à l’appui au développement.

Notre réflexion relève surtout d’une méta-éthique parce qu’elle consiste à analyser la perspective académique et scientifique de l’éthique universitaire, sa téléologie ainsi que ses chances d’opérationnalisation dans un contexte de précarité endémique et de démoralisation galopante qui fait perdre à l’enseignant du supérieur sa dignité d’universitaire.

I- LA QUESTION DE FINALITÉ

. C’est pour pouvoir protéger son antre contre la pthora pouvant venir du monde extérieur que l’éthique universitaire recourt à la prescription et la proscription comme cela ressort de l’inflation du verbe devoir dans le Code précité. C’est ici qu’apparaît la fonction hygiénique ou prophylactique de l’éthique universitaire. Elle a une fonction hygiénique ou prophylactique en ce sens qu’elle prévient, à l’aide d’un certain nombre de mesures prescriptives et prohibitives, d’éventuelles pathologies pouvant affecter l’ethos des universitaires d’un coefficient d’insalubrité et de morbidité susceptible, à terme, de susciter la mort de l’université. Elle a également une fonction thérapeutique parce qu’elle se finalise sur l’assainissement d’un corps universitaire dont la santé peut être compromise par la tendance à la marchandisation des évaluations et de promotions, à la prostitution, au prosélytisme et au clientélisme politique. C’est donc pourquoi l’éthique universitaire impose le devoir de ne tenir, à l’université, que les discours dont les catégories sont homogènes à l’universel.

Du facticiel à l’artificiel, l’éthique universitaire apparaît dans sa fonction normative et régulatrice : elle est normative (au sens étymologique du terme : norma comme règle ou comme équerre) parce qu’elle est prescriptive des règles de conduite dont le respect a pour fin de rectifier (au sens mathématique du terme) les mœurs de tous ; elle est régulatrice parce qu’elle définit les postures académiques, scientifiques et pédagogiques, donne aux préférences appétitives de chacun la vectorialité qui peut les soustraire à la partialité. C’est pour cela que l’éthique universitaire s’exprime de façon à la fois impérieuse et impérative : elle commande qu’on respecte ses normes dans toute leur transcendance. La transcendantalité des normes de l’éthique universitaire s’explique par le fait qu’elles se placent au-dessus des préférences ethno-identitaires, idéologiques et affectives. Elles interdisent formellement que le principe de vénalité écrase (au sens informatique) le principe d’académicité. Elles refusent les références affinitaires pouvant justifier, au sein de l’université, les parrainages sectaires, les préférences fondées sur l’identité ethnique, confessionnelle ou politique. Elle prône le mérite, l’excellence et combat la médiocrité.

En somme, la finalité de l’éthique universitaire est de protéger l’université du risque de cyclothymie académique et de cécité scientifique qu’elle court, si d’aventure, elle était prise en otage par les hommes politiques, les commerçants, les gourous, les proxénètes et les prostitués. Elle a pour téléologie l’appropriation de l’université par les universitaires, afin que prospère l’esprit technoscientifique, seul offre de certitude du développement économique et humain.

Mais comment les universitaires peuvent-ils se rendre comme maîtres et possesseurs de l’université si celle-ci est régie par les logiques particularistes que consolide le déterminisme sectaire et politique, tout à fait en contradiction évidente avec l’esprit de la science et les exigences de l’éthique universitaire ? Comment pouvoir opérationnaliser avec bonheur cette éthique dans un espace universitaire où sévit la médiocrité infrastructurelle observable non seulement dans l’asymétrie qui existe entre les effectifs estudiantins et le nombre de salle de cours, mais aussi dans la situation de promiscuité professionnelle et de délitement académique dans laquelle les universitaires s’évertuent à assumer la noble tâche d’ouvriers du concept ? Comment pouvoir se sentir alors universitaire au point d’être motivé à faire preuve de déférence à l’égard de l’éthique universitaire, si on n’est pas fier d’appartenir à l’université ? Peut-on opérationnaliser, avec bonheur, l’éthique universitaire dans un contexte politique global d’esthétisation et de théâtralisation cyniques de la corruption ?

C’est autour de ces quelques interrogations que s’articule le doute relatif à l’opérationnalité de l’éthique universitaire dans des campus matériellement pauvres et peuplés d’universitaires de condition matérielle, psychologique et morale très précaire.

II- LES PROBLÈMES D’OPÉRATIONNALITÉ

Discourir sur l’éthique universitaire n’est pas pour nous l’occasion d’ajouter aux dépenses rhétoriques habituelles dont la fin est à la fois idéologique et démagogique, dans la mesure où ces rhétoriques de circonstance se finalisent, à travers l’important remue-ménage sémantique qui les caractérise, sur l’occultation d’une réalité dont la médiocrité doit pourtant être vigoureusement dénoncée. En nous gardant de dénoncer, par exemple, l’attention modeste dont l’universitaire camerounais est jusque-là politiquement l’objet, comparée à celle dont les éléments de certains appareils répressifs d’État semblent plutôt dignes, nous ne faisons pas seulement preuve de masochisme ; nous vicions également, et sans le savoir, la fonction spéculaire de l’éthique universitaire. Elle ne peut plus, dans ce cas, nous aider à être visibles et lisibles par rapport à nous-mêmes, brouillée que l’image qu’elle doit pourtant nous renvoyer est, par une opinion de plus en plus précarisée par les récurrentes pressions conformisantes de la raison positive. Lorsqu’il s’ajoute à ce type de pressions, celles des différents groupes ethno-identitaires et celles que l’ethnicité instrumentale exercent également sur l’université, cela compromet sa volonté d’avoir un ethos spécifique.

Taire la médiocrité des conditions de rémunération et de travail des universitaires pour spéculer facilement sur l’éthique universitaire, pourrait donc relever d’une distraction à la fois inutile et pernicieuse. Car, il est fort difficile de respecter scrupuleusement les normes de l’éthique universitaire dans un cadre défini par la permanence de la pauvreté et où les universitaires s’escriment à mener à bien des missions académiques et scientifiques qui ne semblent pas beaucoup intéresser un pouvoir trop préoccupé d’écouter ce que lui dicte son instinct de conservation politique pour s’intéresser réellement aux conditions de travail des enseignants en demande de bureaux, de salles de cours, des laboratoires et de salaires susceptibles de leur permettre de contribuer efficacement, par la promotion et le développement de la science et de la technique, à l’édification d’un Cameroun fort et prospère.

Dans ces conditions impropres à l’opérationnalisation de l’éthique universitaire, il arrive parfois à l’universitaire camerounais soit de regretter son orientation professionnelle, soit de rechercher son bonheur, en violation de l’Article 22 du Code précité, dans une chrématistique compensatrice qui se traduit par l’irruption néfaste des préférences appétitives dans la docimologie, soit de transformer la politique en session de rattrapage existentiel. L’importance que des universitaires accordent de plus en plus à cette session de rattrapage existentiel est d’autant plus préoccupante que leur activité académique est souvent déclassée au profit de l’activité politique qui confère socialement chez nous honneur, prestige et gloire. Cela se traduit par la mutation que subit le contenu de leur imaginaire : l’ambition académique et la passion pour la science font place nette au rêve délirant de devenir président d’un comité de base, conseiller municipal, maire d’arrondissement, président de sous-section, président de section, député, ministre, etc. Le fait que le paradigme scientifique soit déclassé par une politique paradigmatisée permet de comprendre pourquoi l’université camerounaise est beaucoup plus aujourd’hui la pépinière de ministres que la cuisine de la science et le laboratoire de l’excellence. Cela explique aussi la déflation de l’ambition académique au profit de l’ambition politique, la consolidation des postions académiques de pouvoir par un militantisme opportuniste évidemment dénué de toute conviction idéologique. Du coup, il se développe dans les campus universitaires du Cameroun, la culture du larbinisme et de la délation, l’éthique de l’ajustement et de l’accommodement, la prospérité de l’hégémonisme de ceux des universitaires dont les positions de pouvoir académique sont symptomatiques des relations d’affinité qu’ils ont avec le pouvoir politique en place. Cette relation qui révèle l’hétéronomie académique de l’université camerounaise, constitue une sérieuse entrave à l’opérationnalisation de l’éthique universitaire. Politiquement hétérodéterminé, l’universitaire ne peut plus convenablement jouer le jeu de langage académique et scientifique. C’est pourquoi ceux qui font preuve d’audace en contestant la construction des sociétés partielles dans des campus universitaires dont l’unité académique est pourtant formellement établie, sont alors démonisés ou satanisés et, par conséquent, exclus de la jouissance de certains avantages auxquels tous les universitaires ont, en principe, droit, en dépit de leurs différences génétiques et idéologiques. La prospérité, à l’université, des logiques particularistes en vertu desquelles les subventions, les frais de mission et autres divers appuis à la recherche des enseignants deviennent si intelligents qu’ils peuvent chercher exclusivement ceux qui doivent en jouir, non pas toujours sur la base du mérite, mais pour des raisons qui sont, dans tous les cas, contraires à l’impartialité que prône l’éthique universitaire.

L’arrogance jupitérienne de certains responsables de l’université camerounaise, parfois sortis de l’anonymat du On par la magie du pouvoir discrétionnaire des décideurs politiques, ajoute au sentiment de regret qu’éprouve l’universitaire camerounais de vivre dans un pays où il existe une tératologie administrative constituée de fonctionnaires qui, pour devenir milliardaires, n’ont pas dû risquer leur santé mentale à travers la recherche des doctorats. Dans la chrématistisation d’un monde dont les pulsations quotidiennes correspondent principalement au rythme du NASDAQ, du NIKKEI, du DOW JONES, du CAC 40 ou du HANG SENG, le savant de l’université a l’impression d’être le bâtard politique d’une société camerounaise dans laquelle son droit de cité est comme tout à fait inexistant.

C’est donc souvent avec la psychologie de parent pauvre de la cité qu’il doit en plus faire preuve de déférence aux normes d’une éthique universitaire qui ne lui tient que le langage du devoir et de la répression, c’est-à-dire exclusif de son aspiration à sortir de l’existence conjecturale du Si ou du Peut-être, qui fait que dans l’attente d’une éventuelle réponse heureuse à la question récurrente « ON PAIE QUAND ? », les universitaires sont diminués dans leur être. Conscient du fait qu’il passe sa vie à chercher comprendre tout pendant que les autres prennent tout, il se révolte. Sa révolte muette le prédispose alors à la simple marchandisation sophistique d’une science dont il n’arrive même plus, par dépit, à renouveler les concepts et les problématiques.

Lorsque l’université ne joue plus qu’une fonction politique spéculaire, elle se renie en tant que telle ; dans ses campus, elle œuvre alors inconsciemment à la reproduction mimétique de la médiocrité de l’ethos ambiant, celui des opportunistes, des larbins et des bricoleurs.

Si l’université camerounaise est la métaphore du Cameroun, qu’est-ce qu’on peut donc y faire ? Faut-il d’abord, suivant une approche métonymique, reconstruire un autre Cameroun pour espérer voir se construire académiquement l’université de nos rêves, celle où les universitaires ne dispensent pas les cours dans la cour ; celle dans laquelle ils ne se servent pas des capots de leur voiture en guise de tables ; celle dans laquelle ils ne sentent pas contraints de chercher dans le conformisme opportuniste et sécuritaire, un petit espace de vie, etc. ?

Enfin, comment éviter que notre rapport à l’université soit analogue à celui que nous avons coutume d’avoir avec l’État camerounais, c’est-à-dire un rapport de type prédateur qui, dans les campus universitaires, fait le lit d’un instrumentalisme académiquement délétère et scientifiquement pervers ? Si la crise de l’éthique universitaire est symptomatique de celle de la société camerounaise, que doit-il être fait pour qu’il ne se développe pas chez les universitaires camerounais la psychologie des éléments d’une biomasse sociale essentiellement peuplée de bactéries politiquement néfastes au vivre-ensemble ?

III-QUE DOIT-IL ÊTRE FAIT POUR UNE HEUREUSE OPÉRATIONNALISATION

      DE L’ÉTHIQUE UNIVERSITAIRE ?

            Cette interrogation est en soi l’expression d’une préoccupation d’ordre éthique, comme si les problèmes d’éthique ne pouvaient avoir que des solutions de nature éthique. Mais si, à la question d’ordre éthique il est plus cohérent d’apporter une réponse de nature éthique, l’éthique universitaire ne peut pas s’opérationnaliser par la nécessité de sa propre normativité tant que l’université camerounaise entretient avec le Cameroun un rapport microcosmique.

À partir de son étymologie (universitas), l’université se définit comme cette communauté d’enseignants et de chercheurs qui collaborent à la production du savoir, à sa conservation, à sa transmission, à sa circulation dans l’univers et à la promotion de l’esprit scientifique et technique. L’élaboration efficace de la connaissance du réel à travers la recherche, sa conservation et sa transmission par voie d’enseignement et de publication, doivent être régies par une éthique.

Si l’éthique est, du point de vue pratique ce que l’axiomatique est du point de vue théorique, il faut libérer l’application de l’éthique universitaire des pesanteurs extra-académiques. Cela doit commencer par la dénonciation de la situation d’hétéronomie dans laquelle se trouve l’université camerounaise (hétéronomie financière, hétéronomie au niveau des décisions qui sont dictées par le politique à qui l’universitaire doit absolument subordonner sa volonté s’il veut bien qu’il lui qui accorde sa providence). La volonté décrétoire du politique qui formate celle du savant, impose à la recherche et à l’académie de dangereuses déclinaisons éthiques qui expliquent, en grande partie, la confusion des sphères et de rôles dont les universitaires peuvent être victimes dans les différents campus de l’université camerounaise.

La correction de cette hétéronomie passe par une réelle réappropriation de l’université par les universitaires. Étant donné que l’université se définit non seulement comme un « haut lieu de la science et de l’élévation », mais aussi et surtout comme un milieu apolitique, la carrière de l’universitaire camerounais doit moins dépendre de son appartenance à secte donnée ou de la couleur de son bulletin de vote que de la grande qualité de son expertise scientifique et de sa bonne tenue pédagogique. Il faut que l’ombre du politique cesse de planer sur l’université camerounaise de telle sorte que ceux qui interviennent dans sa dynamique académique et scientifique puissent, sans craindre pour leur carrière et même pour leur vie, adresser au prince la même demande que Diogène de Sinope formula jadis à Alexandre le Grand en ces termes : « Ôte-toi de mon soleil ». Le rôle de l’État ne doit donc consister ni à éclipser le soleil de l’université, ni à apaiser la soif de pouvoir des universitaires en se contentant, par exemple, de transformer l’université camerounaise en pépinière de ministres ou en créant, en son sein, des divisions administratives et académiques conçues sur le modèle des divisions militaires, et pouvant donner aux différents chefs de divisions l’illusion agréable de puissance. L’État doit plutôt, pour son propre bien, investir considérablement dans la promotion de l’esprit technoscienfitique, « gages de créativité et de progrès », en protégeant les universitaires contre la précarité humiliante qui explique pourquoi l’éthique marchande fait parfois, au sein de l’université, une concurrence fort déloyale à l’éthique universitaire. De l’issue d’une telle concurrence, il arrive que des universitaires considérablement précarisés dans leur corps comme dans leur esprit, assurent le triomphe de l’éthique marchande sur l’éthique universitaire.

Il faut que soit créé suffisamment d’incitations académiques, en augmentant, par exemple, le traitement salarial des universitaires conformément à l’ampleur des missions académiques et scientifiques qui leur sont assignées, suivant l’Article 5 du Code d’éthique et de déontologie de la profession de l’enseignant du supérieur et en donnant à la méritocratie les chances de s’exprimer de façon permanente à l’université. C’est cela qui pourra constamment motiver l’universitaire à être fier de l’université et, par conséquent, à réprimer la tendance à transgresser les normes de l’éthique universitaire. Cela passe nécessairement par la correction de la médiocrité des conditions d’existence et de travail des universitaires. Cela passe aussi par la reconnaissance de la fonction hautement cérébrale de l’université dans la société. Lorsqu’on appauvrit le cerveau d’une société en le soumettant à la pression humiliante des autres organes dont la noblesse n’est pas avérée, on tue inconsidérément la société en question.

L’université camerounaise doit se réapproprier son destin afin de pouvoir réaliser ses nobles desseins académiques et scientifiques, pour le bien du Cameroun, de l’Afrique et même d’un monde dont les maîtres actuels instrumentalisent superbement la rationalité technoscientifique aux dépens de ceux qui, comme nous, ne maîtrisent pas encore la technoscience, faute d’universités d’excellence. Une université camerounaise médiocre ne pourra que difficilement actualiser l’universel dont elle est pourtant porteuse. C’est aussi difficilement qu’elle pourra s’ouvrir au monde d’aujourd’hui et contribuer à la construction du monde de demain.

CONCLUSION

L’université, c’est comme l’Academos de Platon où l’accès n’est réservé qu’aux géomètres, c’est-à-dire aux personnes aptes non seulement à la conceptualisation de type mathématique, mais aussi à la conceptualisation tout court, celle grâce à laquelle il est possible de s’approprier le monde par la pensée et de bien penser son instrumentalisation par rapport au bien-être et au bonheur de l’humanité. Qu’elle ait un aspect à la fois téléologique et conséquentialiste, l’éthique universitaire n’a qu’une fonction instrumentale dont la fin est la construction d’un ethos universitaire et sa protection contre des ethos autres, ceux qui, rappelons-le, sont appétitivement structurés sur une base politique, pécuniaire ou érotique. La médiocrité des conditions de travail à l’université, la situation de précarité existentielle dans laquelle vivent les universitaires camerounais, la mainmise du politique sur la dynamique académique expliquent que la schématisation historique des normes de l’éthique universitaire soit fort problématique. Quand l’université camerounaise aura cessé de sous-traiter la précarité dans ses campus, les universitaires camerounais seront suffisamment motivés à se doter d’un ethos proprement universitaire à travers le respect des normes du Code d’éthique et de déontologie de la profession  de l’enseignant du supérieur.

Bibliographie

-Code d’éthique et de déontologie de la profession de l’enseignant du supérieur, 2002.

-Livre Blanc, 1993.

- Il s’agit notamment de la définition des franchises universitaires, de la police générale et de la discipline des Chapitres 1, 2, 3 du Titre V du Livre blanc, particulièrement en ses articles 40 à 66.

- « L’enseignant du supérieur doit s’habiller correctement dans le campus et en dehors du campus universitaire », stipule l’Article 18.

- Conformément à l’Article 20, « L’enseignant du supérieur doit être assidu aux cours ; le retard académique de 15 minutes ne doit être qu’une exception et non une règle ».

- En vertu de l’Article 35, « le harcèlement sexuel est strictement interdit entre enseignants et enseignants d’une part, et d’autre part entre enseignants et autres membres de la communauté universitaire. »

- Livre Blanc, Titre V, Chapitre I, Article 42, p. 31.

- Le cas des campus déserts et désertés par beaucoup d’universitaires lors de l’opération de renouvellement des organes de base du RDPC.

- Cf. Titre V, Chapitre III, Articles 48 à 60, pp. 33-36 du Livre Blanc.

- Livre Blanc, p. 15.

- Ibid.

- Ces missions sont déjà définies par l’Article 3, p. 21 du Livre Blanc.

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