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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 10:18

 

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C’est d’abord de la forme substantivée du verbe pouvoir qu’il s’agit. Ce verbe traduit la causalité d’un être, c’est-à-dire la possibilité qu’il a de traduire sa volonté en actes concrets, de manière à donner chair à ses désirs ou à ses rêves. Grâce à cette causalité, les contradictions qui s’observent habituellement entre la potentialité et la concrétude, l’utopie et la réalité peuvent se résoudre.

Le pouvoir renvoie aussi à la possibilité qu’a le politique soit de substituer à la psychologie canine des individus de la jungle pré-politique celle des citoyens devant collaborer à la construction et à la préservation de la paix civile à travers leur soumission absolue à l’autorité du Léviathan (Thomas Hobbes), soit d’assurer, dans le temps, la protection de la propriété du citoyen, c’est-à-dire sa vie, sa liberté et ses biens (John Locke). Dans tous les cas, la fin du pouvoir politique est de permettre aux individus devenus citoyens de rompre avec la condition grossière et misérable qui était la leur dans l’état de nature, afin qu’ils  jouissent paisiblement des bienfaits de la société et des avantages du gouvernement (David Hume).

Mais au terme des coups de théâtres politiques dont l’histoire a l’habitude, il arrive très souvent que la forme substantivée du verbe pouvoir se substantialise dans les représentations des politiques. Dans leur imaginaire, le pouvoir devient alors un être qui se subordonne à lui-même, au point de ne plus se destiner à la réalisation du bien-être et du bonheur des citoyens.

Par rapport à ce problème, des philosophes comme Spinoza, Locke et Hume ont, par exemple, proposé la solution du droit de résistance : il faut résister à tout pouvoir dont la contre-finalité politique est avérée. D’après eux, il n’est pas pertinent de faire preuve de loyalisme à un pouvoir qui s’exerce en rupture évidente de contrat ou de promesse devant lier réciproquement les gouvernants aux gouvernés.

Si l’intérêt de cette solution est de dissuader éventuellement les gouvernants de détourner le pouvoir de sa finalité politique, son problème est dû au fait que les philosophes qui nous la proposent ne nous en donnent pas le modus operandi. L’expérience montre qu’il n’est pas très efficace de résister au pouvoir qui ne peut paradoxalement pas relever les défis de la pauvreté, de l’insécurité ou du chômage à travers des grèves, des manifestations, des marches de protestation ou en se contentant de proférer des imprécations aux gouvernants dans les médias. Un pouvoir politiquement autistique est totalement sourd au boucan que des citoyens déçus organisent plus ou moins fougueusement dans les rues d’une « République » qu’ils prenaient naïvement pour une chose publique.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

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commentaires

L
verbe pouvoir<br /> http://questionnaire-enligne.com/conjugaison/verbe/pouvoir.php
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