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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 09:41

 

 

 

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Comme un serpent qui s’aperçoit que c’est la queue qu’il est en train de se mordre qui contient le venin qu’il administre mortellement aux autres êtres, l’ultralibéralisme se met en procès en accusant Jérôme Kerviel d’avoir instrumentalisé, à son détriment, la logique financière qui le sous-tend pourtant. Si l’issue du procès de Kerviel est presque prévisible, à en juger par le poids de l’imputation d’illégalité qu’on fait peser sur lui, la dénonciation par la Société Générale des spéculations financières de ce trader à travers la vieille logique du bouc émissaire échoue dans l’opinion parce qu’elle rend plutôt sympathique l’un de ses instruments qui apparaît aujourd’hui, non plus avec les traits d’un spéculateur téméraire, mais plutôt comme un malheureux jeune homme que le grand capital veut injustement écraser.

Accuser Jérôme Kerviel d’avoir mis en danger les finances d’autrui en recourant à la logique spéculative grâce à laquelle les établissements financiers s’enrichissent considérablement, revient à accuser un adepte d’avoir pris des risques en faisant du zèle dans la défense des intérêts de sa propre religion. La Société Générale aurait-elle vraiment craché sur les dividendes financières issues des spéculations hardies de ce trader si cette prise de risques avait finalement bien fonctionné ?

En plus de nous rappeler que le risque zéro n’existe pas, le procès de Jérôme Kerviel nous enseigne qu’en dénonçant les dérives de la logique financière qui le sous-tend, l’ultralibéralisme se met effectivement en accusation.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

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