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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 15:44

 

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Si on en juge par l’imputation d’illégalité qui pèse sur Madame SakinehMohammadi Ashtiani, on est en droit de penser qu’elle est condamnable et doit répondre de ses actes, conformément aux lois en vigueur en Iran. Mais lorsqu’on en juge plutôt par les critiques dont cette condamnation est l’objet de la part des Occidentaux, on peut également croire que l’Iran des Mollah et des Ayatollah abuse de son pouvoir pour soustraire la vie à une pauvre femme.

À la lumière de la méthode diaporématique, celle qui consiste précisément à statuer après avoir examiné froidement le pour et le contre, on peut ré-analyser sereinement la condamnation de Sakineh Mohammadi Ashtiani pour réviser, tout au moins intellectuellement, son procès.

Instrumentaliser politiquement, comme le font les Occidentaux, la peine d’un être humain, c’est prouver, par ce comportement, qu’on ne croit pas à la dignité et à la somptuosité de la personne humaine. Ceux qui, en Occident, décrient cette condamnation au motif que le pouvoir iranien viole le droit de l’homme à la vie, se trompent d’argument. Pourquoi se gardent-ils donc de dénoncer les condamnations à mort qui ont régulièrement lieu aux États-Unis ? Ceux qui crient haro sur le régime iranien devraient également le faire lorsque les Occidentaux pratiquent des politiques homicides à travers le monde, s’ils tiennent à ce que leurs critiques contre le pouvoir iranien ne soient suspectes de partialité.

 Je suis contre la condamnation de Sakineh Mohammadi Ashtiani parce que je suis contre la peine de mort pour des raisons fort simples :

1-Personne n’est assez vertueux pour condamner autrui à mourir parce qu’il s’est rendu coupable de ceci ou de cela.

2-La loi, quelle qu’elle soit, a plutôt une fonction de protection de la vie humaine que de destruction de celle-ci. Pour ce faire, elle doit être instrumentalisée pour éduquer les individus à la citoyenneté ; elle doit également se destiner à la civilisation de l’expression de nos préférences appétitives. Elle est donc politiquement pervertie lorsqu’elle se finalise sur la suppression des vies humaines qu’elle est pourtant censée sécuriser.

3-Prendre la loi, fût-elle celle du Dieu d’Abraham, d’Ismaël, d’Isaac et de Jacob, pour le glaive, c’est se tromper d’instrument.

C’est sur la base de cet humanisme que nous devons dénoncer toutes les condamnations à mort, qu’elles aient lieu en Chine, en Iran, en Afghanistan ou aux États-Unis d’Amérique. Tout le monde devrait les condamner, y compris Israël, le meilleur ennemi du pouvoir de Téhéran.

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

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