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7 octobre 2021 4 07 /10 /octobre /2021 08:08

Si cette question se pose, c’est parce que la dynamique de l’Enseignement supérieur semble, au Cameroun, motivée par le désir de ceux qui tiennent à rivaliser de compétence avec les experts du Renseignement.

En effet, certains de ceux qui sont censés animer académiquement l’Enseignement supérieur se comportent comme s’ils s’étaient trompés d’orientation professionnelle, tant ils brillent beaucoup plus dans l’art d’espionner les universitaires que dans celui de contribuer à la production et à l’accroissement du savoir. La confusion de genres et de sphères dont ils sont victimes explique pourquoi la délation et la calomnie se développent aisément là où la promotion et la diffusion des créances épistémologiques sont plutôt très attendues. L’une des conséquences de cela est que, se prenant pour des officiers des Renseignements généraux en service à l’Enseignement supérieur, certains Recteurs se figurent que les Universités aux destinées desquelles ils président parce qu’ils occupent des positions d’autorité dans des officines de promotion de l’obscurantisme, sont des excroissances de la Police. Aussi finissent-ils par y créer un climat de suspicion et de délation tout à fait impropre au développement de la maïeutique et de l’anacritique. Lorsqu’on se donne la peine de consulter le très bavard Google pour avoir l’expérience de leurs productions intellectuelles, on comprend pourquoi ils cherchent à compenser leurs défauts de visibilité scientifique en singeant les policiers.

L’autre conséquence de cette double confusion est que certains « universitaires », heureusement très peu nombreux, deviennent des indics de la police locale et s’insèrent dans le réseau de délation et de dénonciation calomnieuse créé et entretenu par des Recteurs qui croient pouvoir compenser les restrictions de leur visibilité scientifique en troquant leur toge par la tenue des policiers. La logique qui sous-tend cet ajustement académiquement délétère explique l’irruption spectaculaire dans l’espace médiatique local de pseudo-philosophes dont l’hystérie leur fait par exemple perdre de vue que la philosophie est surtout l’ « amour de la sagesse ». Pour cette raison, elle sacrifie au devoir de respecter les normes civiles et éthiques en vigueur, tout en collaborant intelligemment à leur amélioration. Même Diogène le cynique dont ces pseudo-philosophes revendiquent illégitimement l’héritage parce qu’il éprouvait une aversion insurmontable à l’égard des conventions sociales, estimait beaucoup Socrate pour la très grande sagesse dont il faisait preuve tant dans sa vie privée que dans sa vie publique.

Après s’être laissés dévorer par la passion d’exister aussi, au besoin par l’appétit du scandale et la félonie des agents doubles, ces « intellectuels faussaires » (l’expression est de Pascal Boniface) jouent, malgré leurs nombreux handicaps rhétoriques et les multiples conflits qu’ils entretiennent non seulement avec la grammaire et la syntaxe, mais aussi avec l’éthique et la déontologie, aux éclaireurs d’un peuple camerounais qui serait conceptuellement sous-développé, civiquement attardé et éthiquement arriéré.

De quelle contribution au développement du Cameroun l’Université est-elle encore capable dans le cadre d’un Enseignement supérieur qui se trompe de destin et de dessein, en croyant notamment devoir rivaliser de compétence avec les Renseignements généraux ?

 

Prof. Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

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