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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 19:48

 

 

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Certes ! Ce postulat hypocrite, qui relève d’ailleurs de la morale du bourreau, est connu de la plupart des hommes. Il a sa place dans l’ensemble des dictons dont on a coutume de se servir soit pour réfuter facilement le point de vue d’autrui, soit pour défendre désespérément le sien contre la pugnacité logique des contradicteurs avisés. Ce célèbre dicton a aussi une fonction idéologique, celle d’occulter le fait que la loi n’existe pas souvent pour être connue, à cause du problème de la lisibilité des normes ou de leur buissonnement dans un jargon inaccessible au commun des mortels. Compte tenu de son caractère lapidaire, ce dicton ne nous dit pas non plus qu’on peut être tout à fait ignorant du sens de la loi, surtout quand la justice est d’une absurdité telle que, dans la jungle féroce des prétoires souvent peuplés de porteurs de toges sales, le droit cesse parfois d’être droit. Cela est fort remarquable dans des contextes politiques dominés par la prédation institutionnelle. Dans les gouvernances où César est le maître exclusif du logos et de l’ergon, cela est très évident. Dans ce dernier cas, il arrive que César qui est censé connaître la loi, s’arroge pourtant le droit de l’ignorer, en vertu du sentiment de majesté qui, croit-il, le place au-dessus des normes publiques devant régir l’action de ses sujets.

Mais de quelle exemplarité politique César peut-il encore être, s’il brille par l’ignorance de la loi dont il est censé être à la fois le garant et le gardien ?

 

Pr Lucien AYISSI

Université de Yaoundé 1 (Cameroun)

 

 

 

 

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