Monsieur le ministre de l’Enseignement Supérieur,
Messieurs les Recteurs,
Mesdames et messieurs, en vos rangs, grades et titres,
Chers étudiants,
Qu’il ne me soit pas reproché de ne pas faire preuve d’érudition ou de technicité savante en pareille circonstance, celle qui est tout à fait différente de toute autre, compte tenu du fait qu’elle ne peut, suivant le principe d’identité, être pareille qu’à elle-même.
On pourrait, à juste titre, m’accuser de violer le principe de proportion en vertu duquel à un grand événement doit nécessairement correspondre un laïus de très noble qualité rhétorique et scientifique, surtout si on s’attend que mon hommage soit à la mesure de la grandeur intellectuelle du disparu, celui qui, faut-il le préciser, fait partie de cette catégorie de personnes que les Grecs appelaient musicos aner, ce qu’on pourrait traduire par
« homme de culture ».
Mesdames et messieurs,
Si je dois m’efforcer d’élever la qualité de mon propos à la dimension de cet événement, je vais cependant m’interdire de profiter de cette circonstance pour faire prospérer ici cette vantardise par laquelle les vivants croient pouvoir régner efficacement sur les morts.
L’hommage que je vais faire, en tant que chef du Département de Philosophie, fonction que l’illustre disparu a durablement, magistralement et admirablement exercée quand j’étais étudiant à l’Université de Yaoundé sera, avec votre permission, précédé de l’expression de mon pénible vécu.
Mesdames et messieurs,
Après avoir appris le 02 juillet que le Professeur Marcien Towa n’a pas pu survivre à la douleur térébrante que lui infligeait le cancer depuis un certain temps, je n’ai pas pu me rendre immédiatement au domicile du défunt pour trois principales raisons : 1) n’ayant pas une psychologie adaptée à ce genre d’événements, je n’ai pas eu le courage d’affronter, chez mon Maître vénéré, le grand vide consécutif à sa disparition ; 2) craignant que le poids de la charge émotive dont s’accompagne toujours un événement aussi macabre que révoltant ne m’empêche d’assumer honorablement le difficile devoir de dignité qui s’impose dans ce cas, j’ai dû différer ma rencontre avec le grand vide ; 3) n’étant pas très doué dans l’élaboration de merveilleuses approches formulaires à déployer en pareille circonstance pour consoler efficacement la famille éprouvée, j’ai préféré me garder d’aller ce jour-là à Emonbo, le quartier résidentiel de l’illustre disparu, de peur de faire preuve de maladresse en adressant à la veuve éplorée des propos pouvant être inappropriés.
Mais, comme je ne pouvais pas ne pas m’y rendre, j’ai pu finalement assumer ce devoir après un sérieux réarmement psychologique.
Mesdames et messieurs,
Rendre un hommage très mérité à une icône, tout en évitant les pièges de l’iconolâtrie, est la tâche que je vais ici et maintenant m’efforcer de bien accomplir Au commencement de la philosophie camerounaise et africaine, il y avait un Towa et un seul. Aujourd’hui, la philosophie camerounaise et africaine en compte beaucoup. Il s’agit désormais d’une communauté idéologiquement hétérogène et démographiquement pléthorique, mais dont Towa demeure le point philosophique focal, parce qu’il a su élaborer des thèmes conceptuellement novateurs, porteurs et dont l’actualité n’a pas besoin d’être établie. Révolutionner méthodologiquement et conceptuellement la philosophie africaine en reformulant, à nouveaux frais, la question de son existence par-delà l’idéologie de l’impérialisme européen et cette « crypto-théologie » qu’est l’ethnophilosophie comme Towa l’a fait dans L’Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle, établir, notamment dans Léopold Sédar Senghor : négritude ou servitude, à partir d’une approche typologique, un distinguo entre la négritude de la libération et celle de l’aliénation ou de l’asservissement, procéder, comme c’est le cas dans L’Idée d’une philosophie négro-africaine, à une meilleure appropriation philosophique des formes symboliques africaines pour établir, contre les idéologues de l’impérialisme européen et leurs avatars africains, que la mentalité négro-africaine n’est pas en soi prélogique, penser l’identité, comme cela se vérifie dans Identité et transcendance, non pas en fonction du fixisme ontologique qui fait le lit du prédéterminisme biologique ou de l’essentialisme, mais suivant sa propre dynamique constitutionnelle, celle qui fait que l’identité rime nécessairement avec la transcendance, faire la chasse aux épistémophobes, technophobes et autres mystagogues – ces promoteurs fanatiques et dangereux de l’obscurantisme qui écument aussi bien l’espace public que les temples de la science – par la promotion constante de la rationalité technoscientifique, gage, d’après l’illustre disparu, de l’émancipation et du développement des peuples et des États, interroger le passé culturel africain de manière à le débarrasser de tout ce qui est justiciable de notre défaite et, par conséquent, de notre domination à l’issue de notre rapport à l’Autre, protéger la personnalité africaine à travers la promotion des langues africaines, œuvrer à « l’effondrement du système mondial de domination », afin de libérer la créativité des peuples et multiplier « les centres créateurs de culture conscients de leurs limitations et, pour cette raison, ouverts les uns sur les autres » (Identité et transcendance, p. 345), soumettre l’Absolu au débat suivant une approche essentiellement iconoclaste, etc. sont des problématiques que Marcien Towa a inscrites dans le budget de sa philosophie de la libération et de l’émancipation des peuples et des États africains. Dans le riche répertoire de cette philosophie, il faut ajouter la question de la formation des jeunes appelés à assurer à une Afrique unie, suivant le vœu qu’il partageait tout à fait avec Kwame Nkrumah, un avenir si radieux qu’elle ne soit plus le simple pâturage économique qu’il continue d’être dans la mondialisation actuelle.
La pluralité évidente de cette offre thématique n’est nullement la preuve de l’atomisation ou de la diaspora logique de ses concepts constitutifs. Cette évidente pluralité cache mal la cohérence thématique d’une philosophie qui s’articule plutôt autour d’une question principale, celle de la libération et de l’émancipation de l’Afrique. C’est ainsi que le problème du cosmpolitisme que Towa a anticipé dans Léopold Sédar Senghor : négritude ou servitude, l’aventure prométhéenne dans laquelle il engage l’Africain dans le sens de la « domestication » de la rationalité technoscientique occidentale ou la philosophie du développement qu’il expose dans Valeurs culturelles et développement, se destinent à la libération et à l’émancipation de l’Afrique. C’est par là que l’Africain peut, selon lui, reprendre « l’initiative anthropologique » et espérer pouvoir exister dans un monde dont la lisibilité est de plus en plus problématique. Il ne saurait jamais procéder à la reprise d’une telle initiative en se contentant de donner son identité présente en spectacle ni en prenant sa différence objective pour un motif d’autoglorification. D’après Towa, si « Notre identité présente se caractérise par la faiblesse, la domination directe ou indirecte, l’humiliation et la dégradation de nos cultures (…), le culte de notre identité présente et la différence avec l’Europe signifierait donc le maintien de notre impuissance et de notre dépendance ouverte ou dissimulée. La plus grande différence actuelle entre l’Occident et l’Afrique est celle qu’il y a entre le maître et l’esclave. La différence entre un homme libre et un homme asservi est, selon nous, la plus grande différence qui puisse se concevoir entre des êtres humains : c’est la différence entre celui qui exerce le pouvoir d’initiative et de création et celui qui en est privé et qui, de ce fait, est ramené à une existence naturelle infrahumaine. » (Identité et transcendance, p. 341).
C’est en lecteur avisé de Platon, de Bacon, de Descartes, de Hegel, de Marx, de Sartre et de Nkrumah que Towa thématise, de façon tout à fait pertinente, la question de la libération et de l’émancipation de l’Afrique suivant une approche révolutionnaire très critique à l’égard de la mentalité mythique et de l’éthique de l’ajustement ou de l’accommodement. L’optimisme technoscientifique qui caractérise sa philosophie de la libération et de l’émancipation est d’une évidente actualité : l’arrogance jupitérienne avec laquelle ceux qui maîtrisent la technoscience se rapportent aux autres dans le temps et dans l’espace est la preuve par les faits que la « domestication » de la science et de la technique est la voie royale de l’émergence et du développement de l’Afrique. Selon Towa, « nous devons comprendre que la force de la bourgeoisie internationale c’est en définitive la force de la matière domestiquée par la science et la technologie. Si nous voulons être forts nous aussi – et il le faut bien si nous sommes résolus à nous libérer de l’impérialisme européen – il est aisé de voir ce que nous avons à faire : maîtriser à notre tour la science et la technologie moderne pour disposer de la force de la matière, au lieu de nous en prendre au matérialisme de la civilisation industrielle sous prétexte que le Nègre serait essentiellement religieux et spiritualiste. » (L’Idée d’une philosophie négro-africaine, p. 55). Les crises irakienne, libyenne, palestinienne, syrienne, ukrainienne, etc., lui donnent tout à fait raison aujourd’hui.
Comme on peut le remarquer, le Professeur Towa a élaboré une pensée qui n’a pas besoin d’être monumentalisée, parce qu’elle est monumentale en soi. Il s’agit, en fait, d’un monument qu’on doit entretenir et promouvoir. Son entretien et sa promotion ne consistent pas, faut-il le dire, à le soumettre à la sanction de la mimésis ou du simple clonage reproductif. Étant donné que Towa est un modèle unique en son genre, même s’il a su, dans le brillant passage qu’il a effectué de monos à plèthos, se reproduire au point de laisser à la postérité un ensemble démographique pléthorique, il est tout à fait irreproductible.
Que devrons donc nous faire et que nous sera-t-il permis d’espérer après la disparition de notre grand Maître vénéré ? Les accents fort kantiens de ces interrogations ne sont nullement empreints de pessimisme.
Professeur, cher Maître vénéré,
Nous n’avons certes pas votre gabarit, celui qui me faisait toujours dire que vous étiez trop grand pour notre petit monde politiquement cruel, intellectuellement pauvre et moralement immonde. Il fallait nécessairement des géants comme vous pour susciter et développer en nous le sens de l’élévation, de manière à contribuer ainsi à la correction efficace de notre marasme intellectuel et de notre nanisme éthique.
Bien que nous n’ayons pas votre gabarit, nous avons heureusement votre étoffe. C’est vous-mêmes, grand Maître, qui nous avez étoffés de telle sorte que nous soyons aptes à poursuivre, avec bonheur, les combats que vous avez menés toute votre vie durant. Compte tenu du fait que nous avons été philosophiquement très bien étoffés par vous, nous prenons solennellement et fermement l’engagement d’incarner et de promouvoir l’esprit towa qui correspond parfaitement à l’esprit philosophique. Nous cultiverons en nous-mêmes et chez nos étudiants ce sens élevé de la sagesse qui vous faisait royalement mépriser les multiples attaques de la fortune et de l’opinion. Comme vous, nous nous efforcerons de faire l’impasse sur les outrages de la fortune et les attaques de l’opinion. Nous poursuivrons, parce que nous en avons les outils méthodologiques et conceptuels, la lutte titanesque que vous avez engagée contre les épistémophobes, les technophobes et les mystagogues qui occupent pernicieusement notre cité et se rendent complices de notre arriération technoscientifique.
En dépit du fait que nous ne soyons pas ontologiquement aussi bien proportionnés que vous – il n’est pas besoin de dire que vous étiez un grand esprit dans un grand corps –, nous ferons, étant donné que nous avons votre étoffe, l’effort de nous doter d’une dimension éthique analogue à la vôtre, celle-là même qui vous faisait prendre en pitié tous ceux qui s’éloignent de l’essentiel en s’investissant constamment dans de puérils petits combats de puces. Nous vous assurons, cher Maître vénéré, que nous éviterons ces vains combats de puces qui faisaient dire à Voltaire que « les hommes sont des insectes qui se dévorent inutilement sur un atome de boue ». Nous vous promettons d’élever, au double sens pédagogique et pastoral de ce terme, nos étudiants, avec cette même bienveillance qui expliquait, à l’époque de Socrate et de Platon, pourquoi l’homophilie spirituelle gouvernait constamment les rapports de l’éraste à l’éromène. C’est parce que vous étiez pédagogiquement bienveillant à notre égard que vous ne nous regardiez ni avec les appétits infanticides de Cronos ni avec la condescendance sur le mode de laquelle Gulliver se rapportait aux lilliputiens.
Nous garderons allumé le flambeau philosophique que vous nous cédez. Nous jurons que nous nous rendrons toujours dignes de vous. Pour cela, nous ferons nôtre cette maxime des disciples d’Épicure : « Agis toujours comme si Épicure te voyait ». Nous nous déterminons à penser et à agir, partout et toujours, comme si Towa nous voyait.
Nous réparerons l’outrage que Chronos, Pathos et Thanatos vous ont fait subir. Ce que ces trois-là n’ont pas compris, c’est qu’une figure de votre race, non de votre classe ne défère jamais à leurs petites sommations interpellatives. Des personnes de votre stature intellectuelle et morale ne répondent jamais aux petites questions, fussent-elles brutalement posées à la fois par Chronos, Pathos et Thanatos. Les lourdes défaites que vous leur avez infligées en entrant dans l’éternité malgré les divers petits complots qu’ils ont pu ourdir contre vous, prouvent, si cela était encore nécessaire, que même réunis ces trois monstres ne peuvent jamais parvenir à vous sortir de l’Académos.
Que nous sera-t-il donc permis d’espérer lorsque nous aurons assumé tous ces devoirs et respecté nos engagements envers vous ?
Il y a non seulement la jouissance méritée du grand patrimoine intellectuel que vous nous faites l’honneur de nous léguer et que nous nous chargerons d’enrichir, mais aussi la possibilité d’entrer dans une histoire où une place royale vous était assurée bien avant votre disparition. Nous espérons enfin que nous aurons votre chance, celle d’être célébré aussi par nos propres étudiants, quand il faudra que nous déférions, tôt ou tard et malgré nous, à l’implacable et macabre citation de Thanatos.
Grand Maître,
Si vous avez pu écrire votre nom en lettres d’or dans l’histoire, c’est parce que vous avez su inscrire votre pensée dans une pertinente et heureuse chaîne de finalités théoriques et pratiques. C’est aussi parce que vous n’étiez pas un accumulateur, que dis-je un de ces syllogomaniaques qui ne rêvent que d’entasser et qui courent, même au sacrifice de leur corps et de leur âme, lorsqu’ils en ont encore une, après le pouvoir et l’avoir dans l’espoir d’augmenter leur être. Ce serait vous caractériser improprement en disant que vous étiez tempérant, car vous étiez plutôt la tempérance même. Parce que votre corps esthétiquement bien déterminé abritait une âme mesurée ou pondérée, vous étiez l’incarnation du kallos kagathos de Grecs antiques. Si vous vous êtes immortalisé en devenant un prestigieux monument et une très célèbre institution d’envergure internationale, c’est parce qu’en plus d’incarner le kallos kagathos des Grecs antiques, vous vous êtes plutôt investi, pendant toute votre vie, dans l’accroissement de la pensée, c’est-à-dire ce que l’homme a d’essentiel.
Dans votre recherche constante de l’or, vous avez toujours su héroïquement éviter les ordures dans lesquelles le commun des mortels se plaît à tremper les mains. Vous étiez d’une autre trempe, celle de ceux qui méprisent souverainement l’intrigue, la fourberie des Scapin, l’éristique des sophistes qui instrumentalisent cyniquement la chicane et convoquent, sans nécessité, Polèmos là où il est pourtant question d’établir dialectiquement la vérité grâce à la saine discussion fondée sur l’éthique de l’écoute et du respect de l’altérité.
Professeur,
C’est dans cet amphithéâtre que vous nous inondiez, sans jamais vouloir nous noyer, de votre savoir combien encyclopédique. C’est dans cette même salle que nous devons nous séparer dans l’espoir de nous retrouver, dans une autre salle, au mois de novembre 2014 pour cet échange philosophique que nous aurons avec vous à travers l’ouvrage collectif que nous sommes en train de réaliser sur votre pensée, et dont le titre, Towa philosophe, est en soi une belle tautologie. Vous ne nous avez pas laissé de consignes particulières. Un philosophe grec, qu’il n’est pas important de nommer ici, l’avait fait. Suivant ses volontés testamentaires, ses disciples devaient laisser sa dépouille à la discrétion des asticots, afin qu’en se décomposant elle pût fertiliser la terre, nourrir les plantes, les oiseaux et faire le bonheur gastronomique des chiens. Mais c’était peine perdue, puisque ses disciples passèrent outre cette consigne cynique et lui réservèrent de fastes obsèques.
Ce n’est pas par peur que vos consignes testamentaires ne soient exécutées par des disciples indisciplinés que vous ne nous avez rien prescrit. Vous étiez tellement épris de liberté que vous ne pouviez pas consigner la volonté de vos disciples en leur imposant, outre-tombe, des devoirs probablement très difficiles à assumer par eux. En disant, dans l’Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle que « La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance » (p. 30) ou que « La philosophie est peut-être la seule discipline qui a le courage et la force de soumettre ouvertement l’Absolu à la discussion, de le prendre comme objet de débats publics, débats qui ne sont pas seulement formels puisqu’ils aboutissent souvent à le détrôner » (Ibid., p. 31), vous aviez déjà précisément consigné toute votre pensée. En affirmant que « pour ouvrir la voie à un développement philosophique en Afrique, il faut, que résolument, nous nous détournions de l’ethno-philosophie, aussi bien de sa problématique que de ses méthodes » (Ibid., p. 35), en critiquant le « culte de la différence » fondée sur « la revendication d’une dignité anthropologique propre », et en préconisant l’aliénation stratégique adoptée par « tous les pays qui ont pu échapper à l’impérialisme européen » parce qu’ils « ont dû se nier pour s’approprier le secret de la puissance européenne », vous aviez, à suffisance, indiqué la méthode que l’Afrique doit adopter pour se libérer et s’émanciper pour devenir incolonisable par l’Autre (Ibid., pp. 45-46).
Professeur, cher Maître vénéré,
Vous ne croyiez pas à l’existence d’une vie future. Moi non plus. Cependant, si nous admettons par hypothèse qu’elle existe, hypothèse imaginable dans le cadre des antinomies de la raison pure d’un Emmanuel Kant, je vous prie de saluer les Professeurs Bernard Nanga et Joseph Ngoué. Je vous prie également de leur dire que nous qui avons eu le privilège d’être très bien formés par vous, tenons la philosophie par le bon bout. Oui, par le bon bout !
Au revoir Professeur et cher Maître vénéré
Vive l'esprit towa
Vive la Philosophie
Pr. Lucien AYISSI
Chef du Département de Philosophie
Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines
Université de Yaoundé I (Cameroun)